Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Kronik Marsiennes
8 janvier 2011

[Film] The Road

Les nuits obscures au-delà de l'obscur et

les jours chaque jour plus gris que celui d'avant...

poster10
Puis ils repartirent le long du macadam dans la lumière couleur métal de fusil, pataugeant dans la cendre,

chacun tout l'univers de l'autre.



Cela fait dix ans que la fin du monde est consommée. Seuls sur le cadavre de la Terre, un veuf et son jeune fils, qui n'a connu que le néant, font route vers la côte ouest de feu les USA en suivant le tracé d'une ancienne autoroute délabrée; menacés par une nature malade et par un reliquat barbare d'Humanité...


Réalisateur : John Hillcoat
Scénariste : Joe Penhall
D’après une oeuvre originale de : Cormac McCarthy (roman éponyme)
Compositeurs : Nick Cave & Warren Ellis

Décidément un père, son fils et un caddie (cart) en milieu hostile cela donne naissance à des chefs d'œuvre!

Après la magistrale saga des Baby Cart aka Lone Wolf and Cub que je ne saurai que trop vous recommander si vous ne la connaissez pas et malgré les différences de genre et d'époque entre les deux, on a là deux monuments tant dans leur version papier que cinématographique.

Sauf que plus qu'une histoire de survie, Cormac McCarthy explore avec finesse et émotion la relation père-fils, véritable sujet de cette histoire.

Il exacerbe cette relation en la situant dans un milieu plus qu'hostile puisque c'est un monde mort dans lequel il n'y a plus aucun espoir pour le futur. Seul le moment présent compte, le passé comme le futur étant réduits en cendres, comme le monde qui les entoure....

D'ailleurs dans le roman nul oiseau, comme on peut en voir un à la fin du film. No futur au sens littéral avec le roman.

Ce père n'a qu'un objectif : élever son fils, qu'il aime au point de supporter de vivre dans ce monde et il l'amène donc vers le Sud espérant y trouver des températures plus clémentes, car le froid et la faim sont leurs plus grands "ennemis" (sic).

A l'horreur de ce monde mort et barbare (la plupart de survivants sont devenus cannibales) s'oppose le fils, tel un ange, élevé, éduqué avec des valeurs qui paraissent désuètes et qui donnent toute sa force au père, ce fameux "feu" qu'ils portent tout deux à l'intérieur et qui éclaire leur vie et s'oppose à ce monde vide.

Magnifique leçon d'éducation et sur l'éducation avec ce petit qui reste presque trop "bien élévé" pour le monde dans lequel il sur-vit.

Cormac McCarthy a écrit:

"Chaque jour est un mensonge, dit-il. Mais tu es en train de mourir. Ça ce n'est pas un mensonge."

"Peut-être que dans la destruction du monde il serait enfin possible de voir comment il était fait. Les océans, les montagnes. L'accablant contre-spectacle des choses en train de cesser d'être. L'absolu désolation, hydropique et froidement temporelle. Le silence."

"Enveloppés dans les couvertures, surveillant l'obscurité sans nom qui viendrait les emprisonner dans son linceul."

p. 247 [...] : La bonté trouvera le petit garçon, elle l'a toujours trouvé. Elle le trouvera encore."

P. 118 : "Il commençait à penser que la mort était enfin sur eux et qu'ils devraient trouver un endroit pour se cacher où on ne pourrait pas les trouver. Il y avait des moments où il était pris d'irrépressibles sanglots quand il regardait l'enfant dormir mais ce n'était pas à cause de la mort. Il n'était pas sûr de savoir à cause de quoi mais il pensait que c'était à cause de la beauté ou à cause de la bonté. Des choses auxquelles il n'y avait plus moyen de penser jamais. [...]"



Edition points poche - traduction par François Hirsch, en collaboration avec Cormac McCarthy


Car c'est bien de la beauté qui finit par se dégager, ce petit garçon, généreux, parfois pris pour un ange, le dieu de son père, parvient à illuminer ce monde.

La grande force du livre (et le film en est une adaptation très fidèle) est de rendre avec réalisme aussi bien la relation père-fils que le monde horrifiant et mort dans lequel ils évoluent. Plus le monde s'impose avec force et réalisme plus cette relation, l'histoire de ces deux êtres prend de l'envergure.

Tout le roman est une sorte de jeu d'équilibre avec un environnement qui ne cesse d'aller vers le bas alors que, et malgré tout, les deux héros, n'ayant plus rien qu'eux deux et leurs valeurs "on est les gentils" *ils sont les gentils* tirent l'histoire vers des sommets d'émotions, et de beauté. Je peux employer le mot foi et on peut le prendre au sens religieux et dans un sens plus métaphysique.

Une histoire dure donc, humainement et de par le monde qu'elle nous présente, sans fioriture et sans concession : le père sait qu'il n'y a rien qu'autre que la survie et la mort, mais la mort ça a toujours été la fin, et oui, pour lui, malgré tout, cela vaut la peine de vivre, pour ce fils qu'il aime tant, pour être à ses côtés, le protéger, lui apprendre à grandir et à être autonome mais surtout juste partager ces moments, durs certes mais ensemble, des moments de vie...

Quant au roman, de par son écriture singulière il m'évoque le puissant "Le bruit et la fureur" de William Faulkner.

Pas sûr d'en partager quand on est mort ^^

Bref un film magistrale, tant dans sa réalisation, son interprétation que son écriture et qui rend un bel hommage à un roman pour moi incontournable et superbement écrit, un roman d'une beauté dure, sans concession et infiniment triste.

Pour plus d'éléments et de détails, je renvoie ICI.... où je suis intervenue en fin de page 1 avec d'autres extraits du livre, entre autre...

Publicité
Publicité
Commentaires
S
J'ai hâte ^^<br /> <br /> et je ne dis rien d'autre now, ça peut spoiler ^^
M
Oh tiens, c'est ça le film/livre qu'on m'a dit il y a quelques temps qu'il fallait que je le vois/lise et que j'ai oublié... (et même qu'on m'a dit que j'aurai peut-être pas envie d'aller faire la fête à la fin du film)<br /> <br /> Donc yep, mon commentaire ne sert à rien, juste pour dire merci de me le rappeler, je vais regarder ça, puis je reviendrais lire...
Kronik Marsiennes
Publicité
Newsletter
Publicité