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Kronik Marsiennes
22 octobre 2008

Aurora FLoyd de Mary E. Braddon

aurora

Bon je gardais de Miss Braddon un souvenir flamboyant, à la hauteur de Wilkie Collins et bien, ça ne devait pas être ce livre...

Car en terme d'écriture et même de rebondissements on est très très loin de la flamboyance et de la brillance de Wilkie Collins :(

Je n'ai pas aimé l'écriture que j'ai trouvé un soupçon condescendante par ailleurs avec un je ne sais quoi de diffus qui m'a mise mal à l'aise... L'impression que les nobles sentiments ne sont réservées qu'aux nobles, et les viles sentiments et autres actions méprisables aux gens du peuple : entre headgraves, Mrs Powell, James Conyers, le marchand de chiens, on a un sacré florilège... Ce sont les "petites remarques" de la  voix off qui ont creusé ce malaise doucement, mais surement.

La condition sociale détermine-t-elle à ce point le caractère ? En même temps que ce soit Mrs Powell ou même Conyers, ils ne viennent pas non plus de la "grande pauvreté" et Mrs Powell ets un modèle du genre dans le genre "le mal pour le mal, juste pour détruire"... De ce point de vue les motivations de Heardgraves seraient plus louables, lol !

La narration qui se fait "à postériori" mode deux ex machina" des évènements est agréable mais ne suscite pas appréhension voir terreur comme chez Wilkie Colllins.

Par contre, à presque une semaine d'avoir terminé le livre, ses personnages sont magnifiquement rendus, et restent "vivants en mémoire : Talbot déjà dont les tiraillements intérieurs entre convenances et sentiments sont magnifiquement rendus, et le personnage est un des plus intéressants je trouve. John Mellish ensuite, qui se révèle également au fur et à mesure et m'a surpris. Ces deux personnages se dévoileront et vont révèleront à proprement parler avec le meurtre...

Je suis plus ambivalente sur Aurora : on a tout d'abord le portrait d'un personnage féminin singulier, très masculin même, jusqu'à cette passion pour le monde des courses et puis, pouf retour de Paris et là seule la dimension charmante, séduisante (c'ets une beauté hors norme) demeure... Le personnage semble rangée, décidée à assumer sa position sociale et sa position de femme de la "bonne société"...

Là aussi malgré les origines "plébéiennes" et inhabituelles d'Aurora, on voit que l'éducation la hisse (la tire?) de son condition : serait-ce ce qui a manqué à Heardgrave, Mrs Powell, Conyers. Une éducation dans un milieur favorisé ??

J'aurai aimé avoir au moins par rétrospective quelques éléments de sa "déchéance" : ses sentiments et comment son cœur peut, ou non battre. Là, seule la peur d'être découverte et par ricochet de blesser son père l'animera...

Ainsi, j'étais très surprise qu'elle surprise qu'elle accepte la demande en mariage de Talbot : pourquoi donc ? Rien ne laisse à penser qu'elle tienne à lui, ou a John d'une façon quelconque, ni même qu'un des deux l'intéresse. Je ne sens chez elle que le désir de se racheter, de tenir son rang. Ce qui est fort intéressant aussi !

Car loin d'un romantisme austenien où les sentiments se disputent à la raison, ici les convenances sont pesantes et dictent leur loi ! Et cela n'empêche pas le bonheur comme les deux unions du livre nous le montrent ! Talbot et Lucy ainsi que John et Aurora forment des couples harmonieux et heureux alors que les inclinaisons premières ne les poussaient pas les uns vers les autres...

J'aime cet aspect : que le cœur s'emballe et se trompe et conduit à des choix qui ne sont pas toujours les meilleurs (et par deux fois dans le cas d'Aurora, enfin à supposé qu'elle fuit amoureuse de Talbot, ce dont je doute...). M. E. Braddon nous parle ici des harmonies : Lucy et Talbot ont en tant en commun, dans leur façon de vivre, leurs attentes respectives, idem pour John et Lucy et bien que l'amour réciproque ne soit pas la base de leurs unions : cela fonctionne, à merveille !

Je ne sais pas ce qu'il faut en conclure, mais j'adore la façon dont tout cela est traité, posé et vraiment à contre-courant du romantisme du XIXème il me semble ! Et de ces couples ont seuls un des deux (Lucy et John) est passionnément épris) et bien cela suffit...

Je regrette par contre l'impasse totale faite sur la sexualité au moins d'Aurora : premier mariage, d'amour au début, puis second par rédemption, et rien sur cela : arf, ce manque m'est cruel, vraiment ! Une ou deux phrases voilées m'auraient satisfaites...

En conclusion, un roman dont l'écriture n'a pas répondu à mes attentes et un peu délayé en terme d'intrigues mais qui pose cependant des personnages principaux forts et attachants  (les secondaires ne sont pas assez fouillées , comme l'oncle prodder que j'ai trouvé génial par exemple) et le fait bien et nous donne une vision de la société de l'époque intéressante et originale me semble-t-il malgré tout...

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